Valérie Stein Hypnose Accompagnement

INTRODUCTION

Pour réaliser cet article, j'ai commencé par vous demander à toutes et tous ce qu'évoque pour vous le mot « jalousie ». Mon objectif était de recueillir sur le vif les premières impressions et idées que ce mot génère.

J'avais volontairement proposé le mot « jalousie » sans contexte, dans le flou, pour voir les registres qui prenaient le dessus dans vos représentations. Les réponses ont laissé beaucoup transparaître une forme de jugement : égoïsme, manque de confiance en soi, narcissisme, envie de posséder ce que d'autres ont, égocentrisme, insécurité, violence, anxiété, fermeture... Certaines personnes m'ont parlé de leur souffrance d'avoir subi la jalousie maladive d'une personne (souvent en amour). C'est souvent la jalousie destructrice des autres et des conséquences sur soi qui a été évoquée. On m'a aussi proposé que cela pouvait être dû à un réel manque économique lié aux injustice sociales, là on commence à voir apparaître un autre type d'analyse du sentiment de jalousie : peut-être que parfois il peut y avoir un moteur différent derrière tout ça. Certaines personnes ont évoqué le tabou autour de la jalousie : c'est mal vu, ce sont les autres qui sont jaloux mais pas soi-même, quand on la ressent on n'ose pas trop en parler car on peut vite être jugé⸱e.

Et pourtant, quand on creuse un peu plus loin en posant la question : « As-tu déjà ressenti de la  jalousie envers quelqu'un⸱e dans ton parcours professionnel ? », beaucoup répondent oui. Presque tout le monde, en fait. Ce décalage entre ce qu'on pense de la jalousie et ce qu'on vit réellement est très intéressant. La jalousie est plutôt condamnée collectivement alors qu'en même temps on l'expérimente individuellement à différents moments de notre vie, souvent dans le plus grand secret, comme si on était le seul ou la seule à porter ce fardeau un peu honteux.

Cet article va se concentrer sur la jalousie dans le domaine professionnel, en particulier dans l'entrepreneuriat. Tu vas voir que l'entrepreneuriat est un terrain particulièrement fertile pour ce type d'émotion. Dans ce monde où chacun⸱e affiche ses succès sur LinkedIn, où les levées de fonds sont célébrées comme des médailles olympiques, où chaque entrepreneur semble avoir trouvé LA formule magique sauf toi, la jalousie trouve un super terreau pour s'épanouir.

Mais j'ai une bonne nouvelle pour toi ! Il se pourrait bien que cette émotion si décriée puisse être en réalité une alliée déguisée. Attention, garde bien en tête que la jalousie peut être un vrai poison, mais je voudrais à travers cet article qu'on explore ensemble d'autres facettes de ce sentiment. Comme on pourrait le faire avec la colère par exemple.

Et si, au lieu de combattre ou de refouler cette jalousie entrepreneuriale, tu pouvais l'écouter comme un baromètre émotionnel qui essaie de te dire quelque chose d'important sur toi ? C'est précisément ce switch que je te propose de voir dans cet article : comprendre les rouages de la jalousie professionnelle pour mieux la transformer en moteur d'évolution personnelle et professionnelle.

1. DÉFINITIONS GÉNÉRALES : ON DÉMÊLE LE FOUILLIS ÉMOTIONNEL

Avant de plonger dans les méandres de la jalousie entrepreneuriale, je te propose de faire un peu de ménage dans le vocabulaire. Parce que oui, jalousie, envie, convoitise et rivalité sont des cousines émotionnelles qui se ressemblent, mais qui ont chacune leurs spécificités propres.

LA  JALOUSIE, c'est la peur de perdre ce qu'on possède

Commençons par la jalousie elle-même. En psychologie, la jalousie est définie comme une émotion complexe qui apparaît lorsqu'on craint de perdre quelque chose (ou quelqu'un) qu'on possède ou qu'on croit posséder au profit d'un rival. On voit tout de suite en quoi cela est malsain dans le cadre d'une relation humaine ! (Je fais une petite parenthèse pour te le signaler en passant : non on ne possède pas quelqu'un !) Dans le contexte professionnel, la jalousie se caractérise principalement par la peur de perdre quelque chose de précieux. Imagine : tu as passé des années à bâtir ta clientèle, et voilà qu'un nouveau concurrent arrive avec une approche similaire à la tienne. Cette sensation d'inquiétude, cette crainte de voir tes client⸱es partir, c'est de la jalousie professionnelle typique.

Les psychologues évolutionnistes considèrent la jalousie non pas comme un sentiment à supprimer mais comme un signal d'alarme indiquant que quelque chose qui a de la valeur à nos yeux est en danger. C'est bien fait quand on y pense ! Notre cerveau nous envoie un message, une sorte de notification d'alerte émotionnelle qui dit « Attention ! Quelque chose d'important est menacé ! ».

L'ENVIE, c'est désirer ce qu'on n'a pas

L'envie, souvent confondue avec la jalousie dans le langage de tous les jours, est pourtant autre chose. L'envie se produit lorsqu'on manque de quelque chose qu'on désire et qu'une autre personne possède.

Dans l'entrepreneuriat, l'envie est probablement l'émotion la plus commune. Tu scrolles sur LinkedIn et tu vois cette entrepreneuse qui annonce sa levée de fonds de 2 millions d'euros. Tu ne lui en veux pas personnellement, tu ne crains pas qu'elle te prenne quelque chose, mais punaise, tu aimerais bien être à sa place ! L'envie se caractérise par des sentiments d'infériorité, de désir parfois puissant, de ressentiment et de désapprobation de l'émotion elle-même (tu te juge de ressentir ça).

LA CONVOITISE, c'est le désir intense et parfois obsessionnel

La convoitise, c'est l'envie à son max. Là, on est dans le côté obscure de l'envie ! La convoitise est un désir intense, presque obsessionnel, pour quelque chose qui appartient à quelqu'un d'autre. Le mot a une connotation plus forte, plus viscérale que l'envie simple. Dans l'entrepreneuriat, ça pourrait être cette obsession pour le modèle d'affaires d'un collègue, au point où tu confonds inspiration et copie, où tu analyses chacun de ses mouvements avec trop d'intensité et que tu oublies tes spécificités, tes valeurs et tes besoins à toi.

La convoitise a quelque chose de plus compulsif, de plus urgent. Elle s'accompagne souvent d'une certaine avidité, du sentiment que tu dois absolument avoir cette chose, que ton bonheur ou ton succès en dépend.

LA RIVALITÉ, c'est la compétition directe

Enfin, la rivalité, c'est autre chose encore. C'est une relation de compétition établie entre deux parties qui poursuivent le même objectif. Contrairement à la jalousie ou à l'envie qui sont des sentiments, la rivalité est un état relationnel. Elle peut exister sans émotions négatives fortes (pense aux rivalités sportives amicales par exemple) ou, au contraire, être chargée de jalousie et d'envie.

Dans l'entrepreneuriat, la rivalité est omniprésente. Deux entreprises qui visent le même marché, deux consultants qui proposent des services similaires, deux créateurs de contenu dans la même niche... La rivalité peut être saine et stimulante. Elle nous pousse à nous améliorer, à innover, à nous dépasser. Mais elle peut aussi devenir toxique si elle se mélange trop intimement avec la jalousie et l'envie.

Pourquoi ces distinctions sont importantes

Tu te demandes peut-être pourquoi s'embêter avec toutes ces nuances ? Parce que comprendre précisément ce que tu ressens te permet de mieux y répondre. Si tu ne peux pas identifier ce que tu ressens vraiment, il est difficile de savoir ce qui t'aidera à te sentir mieux.

Si tu ressens de la jalousie, peut-être que le travail consiste à renforcer ta confiance en ce que tu as construit et à sécuriser tes acquis. Si c'est de l'envie, peut-être qu'il s'agit d'identifier clairement ce que tu désires et de tracer un chemin pour l'obtenir. Si c'est de la convoitise, peut-être faut-il examiner pourquoi tu as donné tant de pouvoir à cet objet de désir. Et si c'est de la rivalité, peut-être l'enjeu est-il de décider si cette compétition te sert ou te dessert. Reste jusqu'à la fin de l'article, je te proposerai un moyen de répondre à ces questions TE concernant.

2. LES MÉCANISMES DE LA  JALOUSIE ET DE L'ENVIE : COMMENT ÇA FONCTIONNE DANS NOS TÊTES ET NOS CŒURS D'ENTREPRENEURS ET ENTREPRENEUSES ?

Maintenant qu'on a démêlé le vocabulaire, plongeons dans les rouages psychologiques de ces émotions. Parce que oui, la jalousie et l'envie ne sont pas que des mots ou des concepts. Ce sont des mécanismes mentaux complexes où interagissent notre corps (cerveau, santé physique...), notre histoire personnelle et notre biologie en général.

La comparaison sociale est au cœur de notre fonctionnement humain en tant qu'animal ayant besoin du groupe. En 1954 par exemple, le psychologue Leon Festinger a proposé la théorie de la comparaison sociale, selon laquelle les individus ont un besoin fondamental d'évaluer leurs opinions et capacités en se comparant aux autres pour réduire l'incertitude. Cela nous rassure de savoir que nos comportements, ressentis, attitudes, etc. se situent dans la moyenne de celle des autres.

Ce processus est profondément ancré en nous. Les humains cherchent à connaître leurs propres capacités, succès et personnalité en se comparant avec les autres. C'est comme si on avait tous un besoin irrépressible de savoir où on se situe sur l'échelle du succès, de la compétence, de la valeur.

Dans le monde entrepreneurial les idéaux de succès irréalistes peuvent être très toxiques. La recherche montre qu'il y a un lien direct entre l'estime de soi et l'envie. Plus ton estime de toi vacille, plus tu es susceptible de ressentir de l'envie. Et plus tu te compares, plus ton estime de toi en prend en coup... Cercle vicieux ? Tu devines que ce processus peut être une bonne chose pour se tirer vers le haut, mais le revers de la médaille est de se sentir tout petit et se dévaloriser.

Les sentiments de jalousie et d'envie se situent dans des domaines qu'on estime importants pour soi-même. Et si on évalue nos performances actuelles comme n'étant pas à la hauteur de nos attentes idéales on risque d'éprouver une faible estime de soi globale. Il est donc essentiel de comparer ce qui est comparable pour ne pas s'exposer à une autocritique non pertinente et délétère.

Prenons un exemple concret. Tu as lancé ton activité il y a deux ans. Tu as des revenus irréguliers, peut-être que ton entourage ne comprend pas toujours ce que tu fais, et tu doutes parfois de ta capacité à réussir. Ton estime de toi est fragile, surtout dans ce domaine professionnel qui est si important pour ton identité. Et puis tu vois cette autre entrepreneur⸱euse qui, sur les réseaux sociaux, affiche un chiffre d'affaires à six chiffres, des témoignages clients dithyrambiques, des photos de séminaires dans des lieux magnifiques. Bam ! L'envie te tombe dessus comme une pluie de météorites en plein mois d'août !

L'utilisation des réseaux sociaux a tendance à accentuer ce type de comparaison qui la plupart du temps n'a pas de sens. Observons l'exemple de LinkedIn. Ce qui rend cette plateforme (et d'autres similaires) particulièrement propice à l'envie, c'est qu'elle présente une version ultra-polie, ultra-stratégique de la réalité entrepreneuriale. Il est rare que les gens partagent toutes les nuances de leur vie sur ce type de médias sociaux. Ce que tu vois, c'est la version « vitrine » : les victoires, les contrats signés, les levées de fonds célébrées, les témoignages clients élogieux. Ce que tu ne vois pas ce sont les nuits blanches d'inquiétude, les mois de galère, les clients difficiles, les doutes et les peurs, les factures impayées, les campagnes marketing qui ont échoué lamentablement avant celle qui a finalement marché...

L'isolement entrepreneurial amplifie l'envie

L'entrepreneuriat est souvent une aventure solitaire. Contrairement à un emploi salarié où tu as des collègues avec qui partager tes frustrations autour d'un café, où tu peux comparer tes expériences quotidiennes, l'entrepreneur⸱euse travaille souvent seul⸱e ou en petite équipe. Cette solitude crée un environnement où la jalousie et l'envie peuvent envahir tes pensées sans soupape pour faire redescendre la pression.

Prenons un exemple pour illustrer ce phénomène. Quand tu es salarié⸱e et que ton collègue du bureau d'à côté obtient une promotion, tu as accès à des informations contextuelles : tu sais qu'il arrive une heure plus tôt chaque matin depuis six mois, tu as vu la qualité de son dernier projet, tu connais ses compétences et son travail de qualité au quotidien. Ces informations ne suppriment pas nécessairement l'envie, mais elles la nuancent, la contextualisent. Quand tu es entrepreneur⸱euse et que tu vois un⸱e autre entrepreneur⸱euse annoncer un succès majeur sur LinkedIn, tu n'as accès à aucun de ces éléments. Tu ne connais pas le chemin parcouru, les échecs précédents, le réseau construit patiemment sur dix ans, les sacrifices personnels consentis, les privilèges sociaux-économiques de cette personne... Tu vois juste le résultat final, brillant et victorieux, et ton cerveau remplit les blancs avec ses propres histoires, souvent désagréables (« Elle doit être tellement plus talentueuse que moi », « J'aurais dû faire ça aussi », « Je n'atteindrai jamais à ce niveau »).

3. CE QU'ON RESSENT : L'ANATOMIE DE LA  JALOUSIE ENTREPRENEURIALE

Que ressent-on vraiment quand la jalousie ou l'envie nous saisit ? Comment ça se manifeste dans le corps, dans les pensées, dans les attitudes ?

La comparaison : ce déclencheur sournois omniprésent

Tout commence par une comparaison. Tu scrolles sur tes réseaux. Tu participes à un événement networking. Tu écoutes un podcast. Tu lis une newsletter. Et là, paf, l'information te percute sans que tu t'y attende. Quelqu'un⸱e a fait quelque chose que tu n'as pas fait, a obtenu quelque chose que tu n'as pas obtenu, est quelque chose que tu n'es pas (pas encore ?).

La comparaison peut être fulgurante ou insidieuse. Parfois, c'est un coup de poing émotionnel immédiat. Tu vois l'annonce de cette super conférence et instantanément, quelque chose se serre dans ta poitrine. D'autres fois, c'est plus subtil. Tu continues ta journée, mais quelque chose couve, une petite graine d'inconfort qui germera plus tard, peut-être le soir quand tu seras seul avec tes pensées.

Les sentiments d'illégitimité et le syndrome de l'imposteur

La jalousie et l'envie dans l'entrepreneuriat sont intimement liées au sentiment d'illégitimité. Ce phénomène psychologique où tu doutes de tes accomplissements et te sens comme un⸱e fraudeur⸱euse malgré les preuves de ta réussite.

Une enquête menée auprès d'utilisateur⸱ices de Kajabi2 a révélé que 86% des entrepreneur⸱euses à succès ont déclaré avoir eu affaire au syndrome de l'imposteur. Oui, tu as bien lu : même ceux qui réussissent le ressentent.

Et voici une information qui j'en suis sûre ne va pas te surprendre ! Le syndrome de l'imposteur est probablement encore plus répandu chez les entrepreneur⸱euses que dans la population générale. Ce sont des personnes qui pensent qu'elles doivent être les plus performantes possibles. Avec des attentes élevées. Leurs modèles de référence sont souvent les fondateur⸱ices et PDG les plus accompli⸱es au monde. Sans parler du fait que c'est un milieu dans lequel on met en avant des mythes et un certain « culte de la personne ». La légende de la méritocratie dans son environnement le plus propice.

Tu vois le piège ? Quand tu te compares à des personnages artificiellement mis en avant, avec un story-telling de réussite par la force du travail acharné, évidemment que tu te sens illégitime. C'est comme si un marathonien amateur se comparait à Eliud Kipchoge et se sentait nul parce qu'il ne court pas le marathon en moins de deux heures. Je trouve ces exemples extrêmes intéressants car ils montrent bien à quel point une comparaison hors contexte n'a pas de sens et ne peut que t'accabler.

Le syndrome de l'imposteur et l'envie s'alimentent mutuellement dans une boucle. Tu vois le succès de quelqu'un d'autre, l'envie te saisit. Cette envie active ton dialogue intérieur négatif : « Iel y arrive, et pas moi. C'est parce que je suis une fraude. Je ne mérite pas d'être ici. » Ce sentiment d'illégitimité amplifie ensuite ta sensibilité aux succès des autres, et le cycle se poursuit.

Les sentiments d'infériorité et la peur de ne pas être à la hauteur

Au-delà du syndrome de l'imposteur, l'envie entrepreneuriale génère des sentiments d'infériorité. Tu te sens « moins … que ». Moins compétent⸱e, moins chanceu⸱x⸱se, moins méritant⸱e, moins doué⸱e, moins... ce que tu veux.

Cette peur de ne pas être à la hauteur se manifeste de multiples façons dans ton quotidien entrepreneurial:

- tu hésites à augmenter tes tarifs parce que « tu n'es pas sûr d'en valoir le prix »
- tu retardes le lancement de ton produit/service parce que « ce n'est pas encore assez bien »
- tu refuses des opportunités de parler en public ou d'être interviewé⸱e parce que « d'autres seraient plus légitimes »
- tu passes des heures à perfectionner chaque détail, paralysé⸱e par le perfectionnisme
- tu évites de réseauter avec des personnes plus avancées par peur du jugement
- tu ne postules pas à cet appel d'offres parce que tu anticipes que tu ne seras pas sélectionné⸱e
- tu ne proposes pas ta collaboration à cette grande entreprise parce que tu crois qu'on va te rire au nez
- tu ne publies pas ce contenu parce que tu imagines déjà les critiques
- tu te disqualifies toi-même avant même d'essayer

Comment ça se manifeste dans le corps

La jalousie et l'envie ne sont pas que des pensées, des concepts qui restent dans ta tête. Ce sont des émotions incarnées, qui se déploient dans ton corps avec une intensité parfois surprenante. Parfois on ressent les symptômes physiques malaisants sans identifier qu'ils proviennent de ces sentiments désagréables.

Voici des exemples de comment ces émotions peuvent se manifester physiquement :

- dans la poitrine et le cœur : une sensation de serrement, comme si quelque chose comprimait ton sternum. Ton cœur peut s'accélérer, battre de manière irrégulière. C'est la manifestation physique de la menace perçue, ton système nerveux sympathique qui s'active.

- dans le ventre : un nœud, une sensation de lourdeur, parfois même des nausées ou un inconfort intestinal. Cette zone, qu'on appelle parfois le "cerveau entérique" parce qu'elle contient un réseau nerveux complexe, réagit fortement aux émotions sociales comme l'envie.

- dans la gorge : une sensation d'étranglement, de serrage. Les mots restent coincés. C'est peut-être lié au fait que l'envie est une émotion qu'on préfère taire, garder secrète, et ton corps participe littéralement à cette rétention.

- dans les muscles : tension dans les épaules, mâchoire qui se crispe, poings qui se serrent inconsciemment. Ton corps se prépare à une forme de combat ou de fuite, même si la « menace » est juste une publication sur LinkedIn finalement.

- dans la tête : parfois des maux de tête, une sensation de brouillard mental, une difficulté à se concentrer. L'envie monopolise tes ressources cognitives.

- l'énergie générale : un sentiment de lourdeur, de fatigue, comme si l'envie te vidait de ton énergie. Ou, paradoxalement, une agitation nerveuse, une incapacité à rester tranquille.

Comment ça se manifeste dans les pensées

L'envie et la jalousie entrepreneuriales génèrent des schémas de pensée très spécifiques. Voici quelques exemples :

- la rumination comparative. C'est quand tu ne peux pas t'empêcher de rejouer la scène en boucle. « Iel a obtenu ce contrat. Moi pas. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'iel a que je n'ai pas ? Qu'est-ce que j'ai raté ? » Ces pensées tournent en rond, sans jamais vraiment trouver de réponse satisfaisante.

- le catastrophisme futuriste. C'est quand l'envie actuelle se projette en un futur catastrophique. « Si iel continue comme ça, iel va prendre tout le marché. Je vais me retrouver sans clients. Mon entreprise va faire faillite. J'aurais dû faire un autre choix de carrière. »

- la minimisation de ses propres réussites. C'est quand tu dévalues tes accomplissements, que tu les compares défavorablement, que tu réduits tes réussites. « Oui, j'ai eu ce contrat, mais c'était juste de la chance. Et de toute façon, ce n'est pas un aussi gros client que le sien. »

- la survalorisation des réussites des autres. C'est quand tu imagines une version idéalisée et probablement irréaliste du succès de l'autre. « Iel a tout : les clients, la visibilité, la reconnaissance, l'argent, l'équilibre vie pro/perso. Iel a trouvé la formule parfaite. »

- les pensées autodestructrices. C'est quand tu génères un dialogue intérieur brutal et impitoyable ! « Je ne suis pas assez compétent⸱e », « Je n'aurais jamais dû me lancer », « Qui suis-je pour penser que je peux réussir ? », « Je suis vraiment nul⸱le. »

- les scénarios imaginaires. C'est quand tu te mets à imaginer des scénarios où tu aurais leur succès, ou des scénarios où leur succès s'effondre. Ces fantaisies mentales peuvent occuper ton espace mental et monopoliser un temps fou.

Comment ça se manifeste dans les attitudes

Enfin, l'envie et la jalousie façonnent tes comportements et attitudes, parfois de manière dont tu n'es même pas conscient⸱e.

L'évitement. Tu ne veux pas voir les publications de cette personne, alors tu arrête de la suivre sur les réseaux sociaux, tu évites les événements où elle pourrait être, tu changes de sujet quand quelqu'un parle d'elle. La première stratégie peut être une bonne idée car cela t'évite de te trigger avec le contenu d'une personne qui n'a pas d'impact réel dans ta vie ou que tu n'as pas à rencontrer dans la vraie vie.

La sur-surveillance. À l'inverse, tu ne peux pas t'empêcher de checker son profil, de regarder ses stories, d'analyser chacun de ses mouvements. C'est presque une obsession. Tu devines bien que dans un cas comme celui-là mon conseil sera sans appel : arrête, enlève cette personne de tes réseaux.

La dévalorisation verbale. Quand quelqu'un mentionne le succès d'une personne, tu as un commentaire légèrement dénigrant. « Oui, mais elle a eu de la chance avec son timing » , « Son produit n'est pas si innovant que ça », « Elle a un réseau qui l'aide beaucoup. » (notons que toutes ces raisons peuvent être vraies). Tu minimises ses accomplissements pour te sentir mieux.

La sur-compensation. Tu te lances dans un tourbillon d'activité frénétique pour rattraper ton retard, travaillant jusqu'à épuisement, multipliant les projets, cherchant désespérément à prouver ta valeur.

Le retrait social. Tu te retires des communautés entrepreneuriales parce que « c'est trop difficile de voir tout le monde réussir sauf moi ». L'isolement s'installe.

La procrastination. Bizarrement, l'envie peut aussi te paralyser. Tu veux tellement faire bien que tu finis par ne rien faire, perfectionnant à l'infini, n'osant pas lancer quoi que ce soit d'imparfait.

4. ET SI EN RÉALITÉ, LA  JALOUSIE ET L'ENVIE ÉTAIENT LÀ POUR NOUS RÉVÉLER QUELQUE CHOSE ?

Et si je te disais que la jalousie et l'envie ne sont pas des ennemis à combattre, mais des messagers à écouter ? Et si ces émotions si inconfortables étaient en réalité des cadeaux déguisés, des boussoles émotionnelles pointant vers quelque chose d'important en toi ?

La jalousie/envie comme révélateur de désirs (peut-être pas avoués ni assumés)

Remarquer pour quoi ou pour qui tu éprouves de la jalousie est souvent un indicateur plus honnête et précis de ce qui a vraiment de la valeur pour toi. Plus que de simplement te poser directement la question. L'envie et la jalousie peuvent pointer vers tes désirs non traités et peuvent te montrer ce que ton âme souhaite profondément, avant que ton juge intérieur ne te permette de l'admettre.

Laisse cette idée faire son chemin un instant. Ta jalousie est un révélateur de tes désirs secrets.

Tu es envieu⸱x⸱se de cet⸱te entrepreneur⸱euse qui a levé des fonds et agrandi son équipe ? Peut-être que, sous tes discours sur la liberté de la micro-entrerpise et le « slowpreneuriat », tu rêves secrètement de construire quelque chose de plus grand, d'avoir une équipe, de créer une structure qui se développe ?

Tu ressens de la jalousie envers cet entrepreneur⸱euse qui affiche un équilibre vie pro/perso enviable et prend des vacances régulières ? Peut-être que tu as trop sacrifié ta vie personnelle au profit de ton business en pensant que c'était ce qu'il fallait faire, mais qu'au fond, tu aspires à une approche plus équilibrée.

L'envie est comme un projecteur qui met en lumière ce que tu veux vraiment mais que tu n'oses peut-être pas t'avouer, souvent parce que :
- tu penses que ce n'est pas pour toi
- tu as peur de l'échec si tu te l'avouais
- tu as intériorisé des croyances limitantes (« ce n'est pas raisonnable », « qui suis-je pour vouloir ça ? »)
- tu as peur du jugement des autres si tu poursuivais vraiment ce désir
- tu éprouve certaines loyautés dont tu n'as pas conscience (envers ta famille, ton milieu...)

La jalousie/envie comme révélateur de buts non avoués

Au-delà des désirs, l'envie révèle aussi tes objectifs cachés. Ces objectifs que tu n'as pas encore formulés clairement, peut-être même pas à toi-même.

Un exemple ? Tu ressens une jalousie intense chaque fois que tu vois un entrepreneur participer à un podcast, être interviewé dans les médias, prendre la parole sur scène. Cette réaction émotionnelle forte te dit quelque chose : tu veux toi aussi partager tes idées publiquement, avoir une audience, devenir une voix dans ton domaine.

Mais peut-être que tu ne t'es jamais dit explicitement : « Mon but est de devenir une figure reconnue dans mon domaine ». Peut-être que tu t'es contenté⸱e de te concentrer sur des aspects plus concrets de ton business comme trouver des clients, générer du chiffre d'affaires, perfectionner ton offre.

L'envie, elle, te signale qu'il y a un but caché là-dedans. Quelque chose que tu veux vraiment accomplir mais que tu n'as pas encore envisagé sérieusement.

Une fois que tu identifies ce but grâce à ton envie, tu peux alors décider consciemment quoi en faire :
- est-ce un but que je veux vraiment poursuivre ?
- si oui, quelles seraient les premières étapes ?
- si non, pourquoi est-ce que j'envie quelque chose que je ne veux pas vraiment ?

Cette dernière question est particulièrement intéressante. Parfois, l'envie révèle des buts que nous pensons devoir avoir (parce que c'est ce que la société valorise, parce que c'est ce que tous les autres entrepreneur⸱euses semblent viser) mais qui ne correspondent pas vraiment à nos valeurs profondes. Identifier cette dissonance peut être libérateur !

La jalousie/envie comme révélateur de valeurs

C'est peut-être l'aspect le plus profond et le plus transformateur de l'envie. Elle peut révéler des valeurs que tu ne savais même pas avoir.

Les valeurs, ce sont ces principes directeurs qui donnent du sens à ta vie, ces choses qui comptent vraiment pour toi au-delà des objectifs superficiels. Mais parfois, on vit déconnecté de ses vraies valeurs, guidé par des modèles, des injonctions et des attentes externes.

L'envie peut t'aider à retrouver le chemin vers tes valeurs authentiques, vraiment personnelle.

Tu es jalou⸱x⸱se d'une entrepreneure qui soutient activement des causes sociales et environnementales ? Peut-être que l'une de tes valeurs profondes est la contribution au bien commun et que tu as construit ton business uniquement autour de la performance financière, négligeant cet aspect qui compte réellement pour toi.

Tu ressens de la jalousie face à cette personne qui a le courage de partager ses échecs et ses vulnérabilités publiquement ? Peut-être que l'une de tes valeurs est l'authenticité et la connexion humaine, mais que tu as construit une façade de perfection qui ne te ressemble pas.

Quand tu identifies les valeurs révélées par ton envie, tu peux commencer à réaligner ton business et ta vie entrepreneuriale avec ce qui compte vraiment pour toi. Et c'est là que la magie opère : tu ne ressens plus le besoin de suivre le chemin de quelqu'un d'autre parce que tu marches sur ta propre route, guidée par tes propres valeurs.

La jalousie comme révélateur de besoins insatisfaits

L'envie peut aussi pointer vers des besoins fondamentaux qui ne sont pas satisfaits dans ta vie entrepreneuriale actuelle.

Le psychologue Abraham Maslow a identifié une hiérarchie des besoins humains : besoins physiologiques, sécurité, appartenance, estime, accomplissement de soi. Dans l'entrepreneuriat, tous ces besoins sont constamment mis à l'épreuve.

Tu envies quelqu'un⸱e qui a une clientèle stable et récurrente ? Peut-être que ton besoin de sécurité n'est pas satisfait. Tes revenus sont irréguliers, tu vis dans une incertitude constante, et cette envie te dit que tu as besoin de plus de stabilité.

Tu es jaloux d'entrepreneur⸱euses qui font partie de collectifs, qui ont des mentors, qui participent à des communautés soudées ? Peut-être que ton besoin d'appartenance n'est pas satisfait. L'entrepreneuriat solo t'a isolé⸱e, et tu as besoin de connexion, de soutien, d'être compris⸱e par des pairs.

Identifier ces besoins insatisfaits est le premier pas pour y répondre de manière constructive, plutôt que de laisser l'envie tourner en boucle et se transformer en ressentiment qui t'empoisonne.

5. L'ATELIER : ANALYSER, COMPRENDRE ET SUBLIMER SA  JALOUSIE PROFESSIONNELLE

C'est ici qu'on arrive au moment tant attendu de cet article ! Celui où je te propose, en plus de toutes les informations utiles développées tout au long des paragraphes précédents, un outil concret pour transformer tes sentiments de jalousie et d'envie.

C'est précisément pour t'accompagner dans ce travail de transformation que j'ai créé l'atelier « Analyser, comprendre et sublimer sa jalousie professionnelle ».

Pourquoi un atelier ?

Parce que ce travail est difficile à faire seul. Il nécessite un cadre sécurisant, bienveillant, où tu peux :
- nommer tes émotions sans être jugé
- explorer tes zones d'ombre avec l'accompagnement d'une professionnelle
- bénéficier de l'énergie collective d'autres entrepreneurs et entrepreneuses qui vivent les mêmes défis

Ce que propose l'atelier

Un espace de parole libéré. Dans cet atelier, la jalousie n'est pas taboue. C'est justement le sujet central. Tu peux enfin dire tout haut (ou l'écrire discrètement dans ton cahier) ce que tu vis en secret, et découvrir que tu n'es pas seul⸱e, que c'est universel, que c'est humain.

Des exercices guidés d'introspection. Je te guide à travers des exercices structurés.

Des outils pratiques à ramener chez toi. L'atelier n'est pas qu'un moment de réflexion. C'est aussi un ensemble d'outils avec lesquels tu repartiras.

Une approche sans jugement. Le cadre de l'atelier est délibérément très bienveillant. Pas de positivisme toxique qui nierait la difficulté de ces émotions. Pas de discours malsain ou simpliste sur le mindset. Juste de la compréhension, de la compassion, et des stratégies concrètes.

Pour qui est cet atelier ?

Cet atelier est pour toi si :
- tu ressens régulièrement de l'envie en voyant le succès d'autres entrepreneurs et entrepreneuses
- tu te compares régulièrement aux autres et en souffres
- le syndrome de l'imposteur te paralyse et t'empêche d'avancer
- tu as l'impression de ne jamais être « assez » (assez compétent⸱e, assez légitime, assez avancé⸱e...)
- tu aimerais transformer ces émotions difficiles en moteur de croissance
- tu es prêt⸱e à faire un travail d'introspection honnête et profond
- tu as envie de partager un moment de groupe convivial et riche

Peu importe où tu en es dans ton parcours entrepreneurial. Que tu débutes ou que tu aies des années d'expérience, l'envie et la jalousie peuvent se manifester. Cet atelier s'adresse à tous les niveaux.

Ce que cet atelier va t'apporter :

Comprendre tes émotions au lieu de les subir. Tu sortiras avec une compréhension plus claire de pourquoi tu ressens ce que tu ressens, et comment ces émotions fonctionnent.

Découvrir des parts cachées de toi-même. Car comme tu l'as compris grâce à cet article, l'envie est une porte d'entrée vers la connaissance de soi. Tu vas identifier des désirs, des valeurs, des besoins que tu ne soupçonnais peut-être pas.

Réduire l'intensité et la fréquence des sensations désagréables liées à l'envie. Quand tu comprends l'envie et que tu extrais ses messages, elle perd de son pouvoir déstabilisant. Elle devient une information utile plutôt qu'une torture émotionnelle.

Renforcer ton estime et ta légitimité entrepreneuriale. En travaillant sur ces émotions, tu renforces aussi ta confiance en toi et ton sentiment de légitimité. Tu arrêtes de te disqualifier constamment.

Contacte-moi si tu veux que j'anime cet atelier dans ton groupe d'entrepreneurs et d'entrepreneuses ou dans ton événement de réseautage !

CONCLUSION : ET SI LA  JALOUSIE ÉTAIT UNE ALLIÉE DÉGUISÉE ?

La jalousie et l'envie sont des émotions universelles, profondément humaines, ancrées dans nos mécanismes de comparaison sociale et notre besoin d'évaluer où nous nous situons par rapport aux autres. Dans l'entrepreneuriat, ces émotions trouvent un terrain particulièrement fertile : l'isolement, l'exposition constante aux success stories sur les réseaux sociaux, les comparaisons hyper-spécifiques avec des pairs qui font exactement la même chose que nous, et le lien intime entre notre identité et notre business.

Ces émotions se manifestent de manière corporelle (tension, nœuds, accélération cardiaque), mentale (ruminations, catastrophisme, dévalorisation) et comportementale (évitement, surveillance obsessionnelle, retrait social). Elles s'entremêlent souvent avec le syndrome de l'imposteur, créant une boucle d'auto-critique et de dévalorisation de soi difficile à briser.

Mais, et c'est le cœur du message de cet article, la jalousie et l'envie ne sont pas que des émotions négatives à combattre ou à supprimer. Ce sont des messagères, des informatrices, des boussoles émotionnelles qui pointent vers quelque chose d'important en toi.

Elles révèlent :
- tes désirs inexprimés
- tes objectifs cachés
- tes valeurs profondes
- tes besoins insatisfaits

Quand tu apprends à écouter ces messages plutôt qu'à te battre contre l'émotion elle-même, tout peut changer. Je ne prétends pas que tu ne ressentiras plus ces sensations désagréables. Mais elles pourront devenir aussi un outil de connaissance de toi. La jalousie pourra être un guide vers ton authenticité.

Cette transformation n'est pas automatique. Elle demande un travail conscient, de l'introspection, du courage pour regarder en face ces parts de nous qu'on préfére cacher. C'est précisément ce travail que je propose dans mon atelier « Analyser, comprendre et sublimer sa jalousie professionnelle ».

Alors, la prochaine fois que tu sentiras cette sensation familière monter en toi, peut-être ce serrement dans la poitrine quand tu vois le succès d'une autre personne, cette petite voix qui dit « pourquoi pas moi ? »... Ne la repousse pas immédiatement. Prends un instant. Respire. Et demande-toi : « Qu'est-ce que cette émotion essaie de me dire ? »

La réponse pourrait bien être le début de ta prochaine transformation.

Parce qu'au fond, la jalousie n'est peut-être pas un poison. C'est peut-être un antidote déguisé, un GPS vers tes objectifs, vers qui tu es vraiment et vers ce qui compte vraiment pour toi.

Ressources :
1- « The Role of Subjective and Objective Social Status in the Generation of Envy » in Frontiers 
2- « Impostor phenomenon study: Most entrepreneurs affected » Kajabi